whitestone logo

Whitestone News

Private Equity

Établi parmi les holdings cotés, Whitestone veut désormais doubler de taille

Le holding brabançon né de l’impulsion d’anciens de la CNP a bien grandi en quelques années à peine d’activité. Une importante augmentation de capital se profile désormais.

Créé par deux anciens de la Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP) de feu Albert Frère Whitestone (ROCK) entend offrir des opportunités d’investissement local aux petits porteurs. Le ticket d’entrée au private equity (investissement non coté) reste en effet bien souvent prohibitif pour eux; on parle de montants minimums à débourser de l’ordre du (demi-)million d’euros. Sous l’impulsion de ses fondateurs, le holding a bien grandi en un peu plus de six ans de présence dans ce créneau. Coté depuis trois ans au travers de la reprise du fleuron d’antan Evadix, il affiche une petite quinzaine de sociétés en portefeuille. On y retrouve aussi bien des jeunes pousses de croissance (Abbove, EMAsphere…) qu’un géant industriel (Sibelco), en passant par les maillons clés d’un monde plus vert (Batri, Energy Solutions, Newtree Impact…). Le tout est chapeauté par une équipe de six personnes. « On reste parfois sur notre faim de ne pas être déjà plus grand, mais il faut savoir laisser le temps au temps », sourit Frédéric Pouchain, cofondateur aux côtés de Sandro Ardizzone, rencontré au siège de la société, à Lasne. « On n’a pas chômé depuis les premiers pas. On est parvenu à attirer des investisseurs de premier plan, à tripler la taille de l’équipe et à mettre Whitestone sur la carte des holdings cotés en bourse, où l’on talonnera prochainement un acteur tel que Quest for Growth (QFG). « 

 

Coup d’accélérateur

Mais pas question de se reposer sur ses lauriers pour autant. Suite à la récente arrivée au capital de la famille d’Arnoud de Pret, c’est même un coup d’accélérateur qui se dessine. En ligne de mire, « on vise d’ici 2029 à doubler la valeur du portefeuille (l’actif net réévalué était de 52 millions d’euros à fin février, soit 14,3 euros par action) et une rotation (lire une cession, NDLR) de la moitié de nos actifs », indique le patron de l’entreprise dont le nom renvoie à la rue de la Blanche Borne, QG de la famille Frère à Gerpinnes, ainsi qu’au géant de la gestion d’actifs Whitestone. Réunis en assemblée générale, les actionnaires ont donné lundi dernier leur aval à ce qui doit constituer la dernière pièce du puzzle à cette fin: une augmentation de capital, d’entre 15 et 25 millions d’euros. Enclenchée au travers d’un placement privé, l’opération doit aboutir « d’ici au 3 juin prochain », confie le patron. De l’ordre de 150 investisseurs privés pourront être sollicités, au-delà d’investisseurs dits professionnels ou qualifiés. Elle permettra d’ajouter à terme deux à trois nouvelles participations, « plus importantes », mais pas seulement. Elle servira notamment au soutien du laboratoire pharmaceutique namurois Tilman (phytothérapie) ou encore du négociant en or GFI, qui s’est récemment déployé en Suisse et devrait s’étendre en juin au Luxembourg.

 

Participation phare

Dans ce second cas, Whitestone entend devenir maître à bord, en reprenant 100% du capital d’ici à l’an prochain (contre 56% actuellement). GFI enregistrait l’an dernier un chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros, pour un excédent brut d’exploitation (ebitda) de 2,8 millions. À côté de l’expansion géographique, un nouveau business model d’achat, de mise en dépôt et de vente sans déplacement portent l’activité, au-delà des vagues de fermeture des agences bancaires. « On pense qu’il y a un potentiel autour de cette valeur refuge, unique de par son aspect défensif et contre-cyclique et ayant néanmoins procuré un rendement de l’ordre de 9% sur une durée de 20 ans. Il est du reste très compliqué d’investir aujourd’hui dans le négoce d’or au travers d’une société cotée; les seuls investissements possibles sont les mines, qui présentent un tout autre business model. Enfin, ce type de société pourrait être pour nous ce que sont un Delen (banque privée, NDLR) ou un Deme (dragage, NDLR) pour Ackermans & van Haaren, ou un Belron (pare-brises, NDLR) pour D’Ieteren, c’est-à-dire un investissement de long-terme générateur d’un cashflow indispensable au paiement d’un dividende courant. »

 

Stratégie d’investissement

Trois piliers ont été retenus pour supporter l’édifice Whitestone: les PME, les matériaux spécifiques ainsi que la transition énergétique et environnementale. Les scale-ups, que l’on peut retrouver au sein de ces verticales, seront quant à elles dorénavant choisies sur base d’un EBITDA d’un minimum d’un million d’euros. Exit donc les pépites en devenir non rentables. « L’expérience a montré que ces sociétés mettent généralement plus de temps à réaliser leur business plan. Or, ce type de dossier demande beaucoup de suivi à l’équipe, même si c’est très formateur. Ce seuil ne sera pas figé, mais servira à filtrer les (nombreux) dossiers à l’entrée », précise Frédéric Pouchain. Parmi les autres leviers à sa disposition, Whitestone peut s’appuyer sur un prêt de cinq millions, octroyé par la banque Belfius, au-delà du soutien des autres principales banques belges. « Toutes nos dettes d’acquisition sont logées dans des véhicules dédiés (SPV), sans garantie de la maison-mère. Sans remettre en cause cette bonne gestion des risques, il est important pour un holding d’avoir des lignes de crédit à disposition pour réaliser des investissements, en attendant d’avoir les capitaux requis ou pour octroyer une avance à une participation. Il s’agit donc bien là d’un endettement temporaire et non structurel. Le ratio d’endettement potentiel fixé par le conseil est d’entre 10 et 15% de son actif net réévalué, ce qui est la norme de marché dans notre secteur. » Parmi les autres chantiers en vue, une plus grande liquidité de l’action sera étudiée; les fondateurs détiennent à ce jour 21% du capital aux côtés d’acteurs tels que des familles représentées au conseil (16%), l’invest brabançon Invest.BW (3%), ou encore Multifin avec ses 38%. « C’est un objectif important pour la société et ses actionnaires. L’augmentation progressive de sa taille, la qualité de sa communication et le passage à un moment donné sur le marché dit réglementé devraient contribuer à augmenter la liquidité. Il faut noter que même si la plupart des actionnaires sont des investisseurs de long terme inscrits au registre nominatif, il y a quand même eu pour près de 800.000 euros d’actions Whitestone traités sur Euronext Growth Brussels en 2023, avec des journées à 100.000 euros. » Un processus de certification Bcorp occupe par ailleurs les équipes.

 

3 questions à Gérard Lamarche, président de Whitestone et de Multifin

Pourquoi cette alliance entre Whitestone et la famille d’Arnoud de Pret, au travers du family office Multifin?

Multifin est un holding patrimonial. La structure y étant très réduite, nous devions souvent faire appel à des compétences externes. Je connaissais Frédéric et Sandro, de par leur parcours du côté de la famille Frère. Ce sont des grands entrepreneurs – il faut avoir le courage de faire ce qu’ils ont fait. Ils nous permettent de nous reposer désormais sur une équipe dédiée à la gestion de nos investissements dans les PME (un des cinq pôles d’investissement de Multifin, NDLR).

En quoi l’ADN « belge » de Whitestone vous a attiré?

Elle nous permet d’apporter un soutien direct à l’économie du pays. La trésorerie des 180.000 PME belges a extrêmement souffert du covid, du choc énergétique, de l’inflation ou encore des taux d’intérêt. On espère pouvoir avoir un certain impact au travers des investissements réalisés.

Via quels leviers comptez-vous peser?

On se positionne comme actionnaire professionnel, mais avec une approche familiale de long terme, voire d’une certaine bienveillance. Ce qui ne nous empêche pas d’être exigeants. Nous aidons le management et le conseil au niveau de la gouvernance, y inclus les aspects ESG et plans de succession des personnes clés. On accompagne également la stratégie, en ce compris en matière de croissance externe, la structuration financière et le développement en mettant notre réseau à disposition.

 

Publié par Simon Souris le 18/05/2024 dans l’Echo

Partager

Découvrez aussi