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Private Equity

Bientôt une usine géante de recyclage de batteries près d’Arras

La start-up Battri a levé 10 millions d’euros pour lancer son premier site dès 2024 dans les Hauts-de-France.

Comme son nom l’indique, Battri va opérer dans le domaine des batteries, et plus précisément de leur recyclage. Cette start-up va rapidement devenir un acteur qui compte en France, puisque sa première usine devrait être opérationnelle avant la fin de l’année.

C’est un enjeu considérable dans le cadre du développement à marche forcée du véhicule électrique en Europe. Pour garantir la souveraineté du Vieux Continent, il faut produire des batteries. Les annonces d’usines géantes se sont multipliées ces dernières années, notamment en France. Mais il va falloir également les recycler. Pour des raisons environnementales évidentes d’abord. Mais également pour des raisons économiques : les batteries sont composées de métaux critiques (nickel, cobalt, lithium…) qu’il faut conserver en Europe et réutiliser pour produire les nouvelles batteries si le Vieux Continent veut être réellement indépendant au niveau industriel. De quoi susciter des vocations.

Maxime Trèves est bien placé pour observer ce mouvement. Il a travaillé durant plusieurs années dans l’industrie automobile, en Chine, et dans la mobilité, chez Uber en Europe. Puis il a intégré le groupe familial Trèves créé par un de ses aïeuls en 1836, un équipementier automobile spécialiste de l’acoustique pesant près de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour qui il a oeuvré entre 2016 et 2022. « Pendant les six années passées au sein du groupe Trèves, j’ai observé la montée en puissance de l’électrification des plateformes automobiles, explique Maxime Trèves au Figaro. Les annonces de création de giga-factories de batteries se sont multipliées en France et en Europe. J’ai compris qu’il allait y avoir un enjeu très important sur le recyclage de ces batteries ». En 2022, saisi par la fibre entrepreneuriale, il quitte Trèves et crée une start-up dans le recyclage de batterie, dénommée Battri donc.

En début de semaine, la société a annoncé une levée de fonds de 10 millions d’euros, notamment auprès du groupe minier marocain Managem, pour lui permettre d’installer sa première usine. Les choses pourraient aller très vite. « Nous avons sécurisé l’usage d’un bâtiment de 15 000 m2, possédant déjà un certain nombre d’autorisations pour l’exploiter, explique Maxime Trèves, qui occupe la fonction de directeur général de Battri. Il se situe à Saint-Laurent de Blagny, à côté d’Arras, dans la vallée de la batterie des Hauts-de-France. Nous devons maintenant passer en “Seveso seuil haut” pour pouvoir traiter tout type de batterie lithium. Notre dossier sera déposé avant la fin du mois, et nous visons une obtention d’ici à neuf mois. »

Capacités importantes

Le recyclage des batteries est un procédé complexe. La jeune société a développé son propre process. Elle ne s’intéresse pas à l’ensemble du cycle, mais seulement à la phase du « prétraitement ». Il s’agit de décharger les batteries, les démanteler, récupérer les plastiques, cuivre et autres solvants mais également de broyer le reste pour produire une « black mass ». C’est elle qui renferme le graphite, lithium, cobalt et nickel qu’il faudra ensuite séparer. Pour cette opération, la technologie est tout autre et les investissements se comptent alors en centaines de millions d’euros. Battri ne compte pas se lancer dans cette activité, mais la société est capable de faire une offre globale pour ses clients. « Nous avons passé un accord avec Managem, qui possède une capacité de traitement de la black mass au Maroc, indique Maxime Trèves. Non exclusif, il va nous permettre de proposer aux constructeurs et fabricants de batterie, une solution en boucle fermée avec un retour de la matière en Europe. »

L’usine de Battri disposera de capacités de traitement importantes dans le recyclage de batteries. Elle les exploitera immédiatement, les machines étant disponibles. « Nous visons une capacité de production de 15 000 tonnes la première année, et de 30 000 à terme », précise Maxime Trèves. Le dirigeant estime que Battri sera alors « un des plus importants recycleurs de batteries en France ». En réalité, la start-up devrait être dès la mise en service de son usine le premier acteur du recyclage des batteries lithium-ion dans l’Hexagone. Veolia opère bien un site, mais il n’affiche pas la même capacité, même si l’entreprise compte l’augmenter rapidement. Et Suez a un projet très ambitieux, en collaboration avec Eramet, mais qui sera lancé après la mise en service de l’usine de Battri.

Les capacités de production de batteries vont croître très vite. Et les seuls rebuts de production de d’unités neuves vont représenter des volumes considérables. « Les 100 à 200 GW de production annoncée et prévue aujourd’hui en France vont sans doute représenter 75 000 tonnes de déchets chaque année », souligne Maxime Trèves. Le potentiel du marché du recyclage de batteries est donc considérable.

 

Publié le 12 janvier 2024, Le Figaro

Emmanuel Egloff

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